J'avais entendu parler à quelques reprises de ce jeune chef talentueux, Jonathan Poon, autodidacte qui a travaillé dans de grands restaurants dans le monde, dont le fameux Noma à Copenhague. Depuis moins d'un an, il est le co-propriétaire du restaurant Chantecler à Toronto. J'ai eu le bonheur d'y déguster ce qui sera un des mes grands repas en 2012. Le menu est court et, lorsqu'on prend notre commande, on nous encourage à partager les plats. Nous étions trois et avons commandé 9 des 11 plats inscrits au menu. Le chef mélange saveurs et textures et propose des mets au goût raffiné. Il fume souvent un des ingrédients ce qui vient donner un accent intéressant au plat sans que cette saveur prenne le dessus sur les autres. Les textures sont souvent aériennes et en délicatesse. Le talent de ce chef n'attend certainement pas le nombre des années!
Côté ambiance, ce n'est pas le restaurant pour passer une soirée romantique. On se sent presqu'autant dans un bar que dans un restaurant. Metric et Arcade Fire fusent des hauts parleurs, ce qui va avec la clientèle assez jeune tout comme le personnel. Ce dernier est d'ailleurs fort sympathique et connait bien le menu. On mange sur des grandes tables en bois, où on peut asseoir au besoin deux groupes différents (ce qui fut notre cas), sans nappe ce qui élève le son dans la pièce.
En entrée, nous avions de la poitrine de canard fumée avec des betteraves, arachides et de la laitue de moutarde, du thon albacore cuit dans l'huile en pot Masson servi sur des haricots en grains et des gnocchis de pomme de terre avec du caviar de morue, de la ciboulette et couvert d'une fine poudre d'algues. Ce dernier plat donnait l'impression de manger un nuage.
Nous avions ensuite commandé 3 plats principaux et avons finalement ajouté le 4e plat du menu tellement nous nous régalions et voulions tout goûter. La morue du Pacifique était servie avec des champignons et du céleri rave. Le poisson au goût délicat était floconneux et fondait dans la bouche. Les gnudis au ricotta étaient accompagnés de tomates fumées, de courgettes et de basilic. C'est la deuxième fois que je mange des gnudis cette année, la première étant au Spotted Pig à New York. A chaque fois, c'est le ravissement. C'est un peu comme si on nous servait la farce d'un ravioli sans la pâte. Nous avons ensuite mangé de la bavette de boeuf avec du kale et des carottes avec une sauce faite de moelle fumée et d'une réduction de jus de carottes. Un vrai délice. L'amertume du kale contrastait avec le sucré des carottes et se combinait impeccablement avec le boeuf. Finalement le coup de coeur pour nous trois a été le sanglier servi avec une sauce au café, des prunes et des oignons. La viande était extrêmement tendre et n'avait aucun goût de gibier. En dessert, un parfait d'argoustier avec meringue et praline d'amandes. L'argoustier est un petit fruit jaune un peu acidulé. Moi, qui ne suis pas très dessert, j'ai presque léché la coupe. L'autre dessert, une crème glacée au sarrasin, m'a moins plus mais a fait le bonheur d'une des autres convives.
Le tout a été arrosé d'un excellent vin sicilien et s'est conclu par un digestif fait de brandy et d'amaro montenegro offert par la maison.
Un repas mémorable!
France
http://restaurantchantecler.ca/
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